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Il était une fois une Andalousie heureuse, où savants juifs, chrétiens et musulmans devisaient paisiblement… Modèle à suivre ou mythe inutile ?

L’Andalousie… Pour le poète syro-libanais Adonis, cette partie méridionale de l’Espagne aurait été au Moyen Âge, sous l’égide de la dynastie musulmane des Omeyyades de Cordoue (756-1031), le lieu par excellence d’un métissage réussi. …

Ralliement de l’aristocratie

Exposons les faits : la conquête arabo-berbère de 711-713 installe dans l’ex-Hispania wisigothique (418-711) un pouvoir musulman appuyé sur des éléments militaires venus de Syrie et du Maghreb. Une nouvelle configuration politique se met en place, que l’on dénomme d’emblée « al-Andalus », … Il va subsister, conformément à la loi islamique, des communautés chrétiennes dites mozarabes.

Les juifs connaissent un autre destin. Persécutés dans les derniers temps du régime wisigothique, ils ont sans doute accueilli favorablement la conquête arabo-musulmane. Il est probable que leurs communautés, soumises comme les chrétiens au régime de ladhimma, reprennent de l’importance dans la péninsule. Elles se montrent actives dans le commerce entre le monde franc et les pays musulmans.

Les intellectuels juifs d’alors s’intègrent à la civilisation d’al-Andalus. De très nombreux littérateurs, poètes, savants et philosophes d’origine juive s’illustrent, en hébreu ou en arabe.

La trajectoire d’Averroès

Paradoxe : l’Occident, qui cultive un monothéisme plutôt intransigeant, où il n’y a pas de musulmans en dehors des minorités dominées qui subsistent dans les terres reconquises de Sicile et d’Espagne, et où les juifs sont tolérés plutôt que véritablement acceptés... L’islam d’Occident, institutionnellement plus tolérant envers les autres monothéismes, tend au contraire à se refermer sur une identité religieuse et culturelle qui l’amène à rejeter les courants de pensée innovants.

La trajectoire d’Ibn Rushd (Averroès, 1126-1198) illustre ce paradoxe. Cadi (juge suprême) de Cordoue et médecin du calife almohade, ce philosophe déploie une érudition libre, …. Les mêmes califes qui protègent Ibn Rushd veulent cependant contraindre à la conversion les chrétiens et les juifs, obligeant le philosophe juif Maymonide, contemporain d’Ibn Rushd, à émigrer en Orient. Les ulémas conservateurs de Cordoue (école malékite) s’en prennent pour leur part aux doctrines aristotéliciennes défendues par Ibn Rushd, lui reprochant le caractère « judaïsant » de sa pensée, qui n’aura que peu d’influence dans le monde musulman… Peu de temps après sa mort, au contraire, les écrits du même Ibn Rushd seront avidement recherchés, traduits et commentés dans le monde chrétien, qui fera de la réflexion philosophique l’un des fondements de ses progrès vers la modernité. : https://www.scienceshumaines.com/l-andalousie-a-t-elle-ete-un-paradis-de-tolerance_fr_37323.html

 MOHAMED  KAZAR

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