
le paradoxe de la famine
III. Comment produire de manière durable et plus éthique tout en respectant les ressources ?
1. Une pression accrue de l'agriculture sur les ressources qui pose problème
• L'intensification des cultures dans les pays riches et dans les pays pauvres agit sur l'environnement :
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pollution des nappes phréatiques, des rivières et des littoraux avec l'usage des intrants ;
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surexploitation des ressources en eau pour l'irrigation ;
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artificialisation des milieux naturels (transformés en paysages ruraux) ;
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érosion accélérée des sols avec la suppression des haies pour faire des champs ouverts plus facilement cultivables (openfields).
• La désertification menace également certaines régions touchées par le surpâturage comme le Sahel, au sud du Sahara.
• Pour augmenter la production, les paysans des pays pauvres augmentent les surfaces agricoles endéfrichant des milieux naturels sensibles (déforestation, cultures sur brûlis – en défrichant par le feu).
• De plus, après certaines crises sanitaires comme la maladie de la « vache folle », l'usage des intrants, des produits phytosanitaires et des semences génétiquement modifiées fait débat et on s'interroge sur les risques pour la santé humaine.
2. Quelles agricultures durables ?
• De plus en plus de personnes pensent que l'agriculture intensive et productiviste a des limites.
• Aujourd'hui, deux tendances existent pour développer des agricultures durables. L'agriculture biologique refuse l'utilisation des intrants et des OGM Elle se pratique le plus souvent sur de petites surfaces agricoles avec des cahiers des charges contraignants. Mais ses rendements et sa productivité restent limités et les coûts de production sont élevés. Très populaire dans les pays développés et auprès des populations à haut niveau de vie qui peuvent payer plus cher leurs aliments, elle atteint avec difficulté des niveaux de production suffisamment importants pour remplacer l'agriculture actuelle.
• L'agriculture raisonnée prend en compte les problèmes d'environnement en limitant l'irrigation et l'utilisation des intrants au minimum, en recyclant les déchets, en préservant la biodiversité et les paysages. Elle assure aussi la traçabilité des aliments pour éviter les risques sanitaires. L'Union européenne préconise ce type d'agriculture et baisse les subventions des agriculteurs qui ne suivent pas ses recommandations. L'agriculture raisonnée s'approche, en fait, de l'agriculture productiviste.
L'utilisation des OGM engendre une polémique : leurs partisans pensent que leur utilisation permet d'avoir une agriculture durable en supprimant l'usage des intrants ; leurs opposants n'en veulent pas, car leur impact sur la santé et la biodiversité n'est pas encore mesuré.
3. Comment approvisionner le monde de manière éthique ?
• Au-delà de la question de l'agriculture durable, se pose celle d'une meilleure répartition des productions alimentaires dans le monde, respectant les producteurs des pays du Sud et l'environnement.
• Les régions productrices sont souvent loin des régions de consommation : les transports engendrent un coût environnemental et financier important. Les agrocarburants se sont beaucoup développés. La production se fait essentiellement dans les pays du Sud, avec des effets pervers, car elle utilise de grandes superficies agricoles qui ne sont plus réservées à l'alimentation humaine et fait augmenter les cours des matières premières agricoles.
• Certains préconisent plutôt une consommation de produits locaux, comme les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) en France, qui ont leur équivalent au Japon. C'est un système de vente directe du producteur au consommateur à l'échelle locale avec un cahier des charges précis.
• Le commerce équitable veut résoudre le problème des échanges inégaux en achetant à des prix plus élevés les produits des petits producteurs du Sud. L'objectif est d'améliorer leur niveau de vie par un meilleur revenu. Les marchandises sont revendues plus cher dans les pays du Nord, mais en évitant de passer par des intermédiaires qui feraient trop augmenter les prix.
• Ce type de commerce n'est pas encore très développé dans le monde
Etude de cas:
L’Afrique subsaharienne peut-elle vaincre la faim ?
p. 56-61